L'Odyssée du temps, t.1 : L’œil du temps - Arthur Clarke et Stephen Baxter

    J'ai commencé à vous parler de ce roman il y a un moment déjà, englouti immédiatement après avoir terminé l'Odyssée de l'espace - une saga plutôt controversée, qui a laissé certains lecteurs  mitigés. Pour ma part, elle restera de ces séries qui vous marquent pour les très bons moments de lecture qu'elles ont représentés. Il semblerait que l'Odyssée du temps suive le même chemin, même si je l'avoue, mon avis est biaisé par le fait que cette trilogie soit le fruit d'une collaboration entre mes deux chouchous, Arthur Clarke et Stephen Baxter





Genre : Science-fiction
Titre original : Time's eye
476 pages
Parution : 2004
Pour la version française : 2010
Traduction : Luc Carissimo
Edition : Bragelonne - Milady





 En un instant, une force inconnue a morcelé la Terre en une mosaïque d'époques, de la préhistoire à l'an 2037. Un gigantesque puzzle qui résume l'évolution de l'espèce humaine. Depuis, des sphères argentées planent sur toute la planète, invulnérables et silencieuses. Ces objets énigmatiques, issus d'une technologie prodigieuse, sont-ils à l'origine de ces bouleversements? La réponse se trouve peut-être dans l'antique cité de Babylone, dont proviennent des signaux radios... Une poignée de cosmonautes et de casques bleus sont jetés dans cette situation incroyable, les uns dans l'armée d'Alexandre le Grand, les autres aux côtés des hordes de Genghis Khan! Tous convergent vers Babylone, déterminés à connaître son secret... et accaparer les pouvoirs qu'elle possède. Mais une puissance mystérieuse observe les deux armées, attendant l'issue de la bataille...

    Le titre de ce premier tome a manifestement été inspiré par un extrait de poème de Rudyard Kipling (l'auteur entre autres du Livre de la jungle), à en juger par la citation présente en guise d'introduction. Mr Kipling qui fait justement partie des guest stars de ce roman, présent dans la région de l'Inde du XIXè siècle. Et puisque nous en sommes à évoquer les célébrités choisies par Clarke et Baxter pour figurer dans cette histoire, retrouver comme promis par le résumé Alexandre le Grand et Genghis Khan a été un assez grand moment et un des points forts de ce récit. Cependant, il aurait peut-être été plus intéressant de ne pas dévoiler dans la quatrième de couverture le fameux face-à-face Khan/Alexandre le Grand qui, dans ce résumé, sonne un peu comme la rencontre entre deux grands méchants de blockbuster hollywoodien. 
     Les époques n'étant pas celles vers lesquelles je tourne généralement mon intérêt, j'ai pu découvrir le mode de vie des mongoles du XIIè siècle en même temps que les Indes du XIXè, tout comme j'ai exploré le monde méditerranéen avec les troupes d'Alexandre le Grand.  Le voyage a été rendu d'autant plus agréable qu'il était parsemé de détails fournis par les recherches de messieurs Baxter et Clarke.
    Outre les figures historiques, l'équipage de la navette Soyouz et les passagers du Little Bird (hélicoptère des casques bleus de 2037) ont à une exception près faits d'excellents compagnons de route à travers l'espace et le temps.  Si j'ai très vite compati aux sorts des américains Bisesa, Casey, et Abdelkadir et de leurs contemporains russes Kolya et Moussa, les excellents pilotes du Soyouz, la troisième passagère de la navette, Zabel, m'a exaspérée depuis le début, et cette impression ne s'est démentie à aucun moment. J'aurais pu détester Genghis Khan, mais c'est elle qui a tenu pour moi le rôle de ce personnage qui nous insupporte dans toutes ses paroles et actions. 

     Outre des personnages auxquels on s'attache très rapidement, parmi lesquels deux femmes-singes qui auraient pu appartenir au clan de notre Guetteur de Lune héros de la première partie de 2001, nombreuses sont les similitudes entre les deux Odyssées. Les deux auteurs décrivent cette Odyssée du temps comme un orthoquel, comprendre : une autre histoire, "qui développe des prémisses similaires dans une autre direction". Comme s'ils avaient voulu tenter une autre version de la saga d'Arthur Clarke. Pari réussi, tant cet Œil du temps reprend les plus brillantes idées de l'Odyssée en les réarrangeant, histoire de nous montrer une fois de plus que les ressources des deux monstres de la SF sont inépuisables. Les mystérieuses sphères planant sur la surface de la Terre, réduite à un patchwork de différentes époques? Elles ne sont que les sœurs des monolithes de la saga d'Arthur Clarke, à ceci près qu'elles paraissent bien plus menaçantes que leurs confrères, parce que bien plus nombreuses. Quant aux mystérieuses entités qui les commandent, nul doute qu'elles sont les mêmes qui ont transformé Dave Bowman à l'issue de son voyage vers Jupiter, bien que leurs intentions soient plus obscures encore...
   Si j'ai eu peur de me retrouver coincée avec un remake raté de l'Odyssée de l'espace en découvrant le résumé, mes appréhensions se sont vite envolées à la lecture de ce roman qui a su me tenir en haleine. Reprendre les grandes idées d'une série aussi importante pour la SF est une tentative très risquée, mais l'Œil du temps se démarque en nous faisant voyager sans ressentir le besoin de nous faire dévorer les millions de kilomètres d'un bout à l'autre du système solaire, Babylone remplaçant Jupiter et son satellite Europe comme lieu central du récit. La désorientation est totale et nous ne pouvons que partager la confusion des personnages, si brutalement confrontés au remaniement sauvage de leur monde. 
   Bien que la fin m'ait laissée un peu perplexe avec son goût de résolution trop simple, je suis curieuse de découvrir la suite de cette saga. 

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