L'âge d'or de la science-fiction française
Chasseurs de chimères est une anthologie de Serge Lehman
présente dans la collection Omnibus qui rassemble onze textes
fondateurs de la science-fiction française, écrits entre 1857 et 1953. Certaines
nouvelles vont vous paraître étranges tant elles diffèrent des vaisseaux
très perfectionnés ou des extraterrestres en combinaisons futuristes
que l'on retrouve habituellement dans la science-fiction, mais la
découverte vaut le coup. Il faut garder à l'esprit qu'à l'époque, la
vison de ce à quoi pouvait ressembler le futur n'était pas la même
puisque les avancées technologiques ne laissaient pas présager les mêmes
choses... C'est une sorte de témoignage, étant donné que les écrivains
sont le produit d'une société.
Serge Lehman veut avant tout, avec
ce recueil, rappeler que la science-fiction française n'est pas issue
de la science-fiction américaine, qui a pris un essor considérable avec
la parution de nouvelles dans plusieurs revues consacrées à la
découvertes d'auteurs, mais qu'elle est bel et bien l'initiatrice du
genre. (Vous gagnez tout mon respect si vous arrivez à comprendre mes
phrases.)
Les récits sont présentés dans l'ordre chronologique, ce
qui permet d'avoir une idée de l'évolution de la science-fiction. On
commence donc avec les Xipéhuz (J.H. Rosny-Aîné), des extraterrestres en forme de cônes débarquant sur terre pour ... déclencher une
guerre. Apparemment, certains thèmes étaient déjà fréquents chez les auteurs de l'époque. J'ai horreur de cette idée, qui pour moi se
traduit par le fait que l'on voie ce qui est différent comme forcément
antipathique, voire dangereux. Mais d'un autre côté, il est plus
prévisible de se faire envahir par une civilisation guerrière que par de
gentils hommes verts - du moins je le suppose.
Je ne vais pas développer tout le
recueil, qui est assez consistant, mais me concentrer sur mes romans préférés.
Commençons par La Roue Fulgurante, de Jean de la Hire, qui a publié de
très nombreux romans et nouvelles. Pour le très bref résumé, un immense
disque lumineux débarque sur Terre et aspire littéralement cinq
terriens, qui trouvent le moyen de survivre à l'intérieur de cet étrange
vaisseau. Il se trouve que les extraterrestres ressemblent à des
colonnes de lumière (je ne vois pas comment les décrire autrement) qui
emmènent de force les passagers sur Mercure, où ils seront confrontés à
des cyclopes unijambistes. Le tout paraît complètement fantasque quand
je le raconte, mais je vous assure que ce roman n'est pas aussi absurde
qu'il en a l'air.
Bon, il est vrai que Jean de la Hire n'est
pas, d'après ce que j'ai lu sur lui, un auteur remarquable, mais j'ai
aimé découvrir ce récit dans le cadre de l'anthologie, dans laquelle je
pense qu'il a tout à fait sa place. S'il faut ressortir les vieilleries
des placards, autant ne pas se priver de cette histoire "sympathique" et
assez spectaculaire. Il se lit comme n'importe quel écrit de
science-fiction, et n'est pas très éloigné de ce qu'on peut lire
actuellement - je vous dit ça au cas où vous auriez peur de tomber sur quelque chose de
totalement obsolète.
Je passe à mon roman préféré, qui m'a presque rappelé Le Soleil va mourir,
de Christian Grenier, un auteur que j'adorais étant ado, dans lequel
des scientifiques, en retournant sur Terre après une expédition sur
Vénus, envoyaient des déchets dans le soleil, ce qui a précipité sa mort
et déclenché un compte à rebours. Les Signaux du soleil de
Jacques Spitz sont une histoire d'incompréhension entre des terriens,
des vénusiens et des martiens (restons dans le classique) qui manque d'avoir des conséquences dramatiques. Un scientifique, dans son laboratoire d'examen de
l'activité solaire du Midi, détecte des tâches solaires apparaissant
brusquement et se multipliant en quelques jours... Il découvre
rapidement que ces tâches sont crées par les martiens et vénusiens qui
tentent de communiquer avec la Terre mais, ne recevant aucune réponse du
même type -les humains se sachant pas créer de tâches solaires-, ils
puisent dans les ressources de l'atmosphère terrienne et s'emparent de
l'oxygène et de l'azote.
C'est un compte à rebours très bien
mené et l'ensemble est crédible. Je lis de moins en moins de
science-fiction, mais je me permets de comparer ce roman aux meilleurs
que j'ai lus : la preuve qu'un auteur français peut très bien soutenir
la comparaison avec un Asimov ou un Bradbury!
J'ai eu
envie de faire cet article parce que j'ai moi-même tendance à penser que
tout ce qui est français est largement en-dessous de la moyenne
internationale dans la plupart des domaines (une intégration des nombreux stéréotypes négatifs, peut-être?). Non pas que j'aie absolument besoin de me prouver que les français ne sont pas si nuls,
mais j'avoue que j'ai été agréablement surprise par ces onze
découvertes!
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