Non, Dracula n'est pas le seul roman de Bram Stoker


Résumé de l'éditeur :
"Là, sur la terrasse, dans la clarté lunaire maintenant plus intense, se tenait une femme vêtue d'un linceul trempé qui ruisselait sur le marbre, faisant une flaque qui s'écoulait lentement sur les marches mouillées. Son attitude et sa mise, les circonstances de notre rencontre, me donnèrent aussitôt à penser, même si elle se mouvait et parlait, qu'elle était morte. Elle était jeune et très belle, mais pâle, de la pâleur éteinte et grise des cadavres. " 
Extrait du journal de Rupert Sent Leger, cette scène - dans la pure tradition du genre - donne bien le ton de cet admirable roman gothique où s'entrelacent lettres, billets, fragments de journal intime et notes pour raconter les aventures étranges et inquiétantes d'un jeune homme sans le sou devenu du jour au lendemain châtelain dans les Balkans...

  Avis aux amateurs de bonnes vieilles histoires de vampires... et à ceux qui ne connaissent de Bram Stoker que Dracula. J'ai ici un roman gothique de premier ordre, qui ne mérite pas d'être ignoré plus longtemps. Si vous vous demandez le pourquoi du titre de cet article, il se trouve que je me suis rendue compte qu'un nombre effroyable de personnes étaient persuadées qu'elles devraient se contenter de lire et relire Dracula pour profiter du talent de Stoker, ce qui n'est pas rendre justice à cet auteur, qui a été bien plus productif que ce que le grand public laisse supposer. Je vous présenterai bientôt un recueil de romans et nouvelles du cultissime auteur irlandais, mais pour le moment, concentrons-nous sur La dame au linceul.

    A la mort d'un de ses oncles - si j'ai bien réussi à m'y retrouver dans l'arbre généalogique et les histoires de famille tordues, ce qui n'est pas certain - Rupert Sent Leger découvre qu'il possède un château en Europe de l'Est et décide s'y rendre, une de ses tantes devant l'y rejoindre. Il fait la connaissance sur place d'un peuple dirigé par un voïvode, avec lequel il noue une relation d'amitié, et leur procure les armes nécessaires pour lutter contre "l'envahisseur Turc". Je suis d'accord avec vous, rien d'original pour l'instant, on dirait même une sorte d'auto-plagiat. Mais continuons.
      L'élément le plus important du roman est l'histoire d'amour que va vivre Rupert et une étrange apparition, qui survient bien évidemment un soir de pleine lune. De là, on retrouve ce romantisme sombre qui caractérise la fin du XIXè, mêlant poésie et... macabre.
     
   Le roman est construit de la même façon que Dracula : le récit est rapporté par des lettres ou extraits de journaux intimes. Je ne me lasserai jamais de ce style d'écriture. La présence de dates nécessaire à cette forme de récit permet de rendre le suspense plus intense - disons que l'on remarque assez rapidement qu'elles s'enchaînent de plus en plus vite, jusqu'à ce que les extraits de journaux intimes ne soient plus écrits qu'à quelques heures d'intervalle à mesure que le rythme du roman devient de plus en plus effréné. De même, le rythme du roman s'accélérant avec la proximité du dénouement m'a rappelé Dracula.
     
    En résumé, j'ai particulièrement apprécié l'atmosphère du roman, du moins jusqu'à ce que... je ne peux pas vous le dire, mais pensez très fort à Ann Radcliffe en lisant ces lignes. C'est là que je me suis sentie quelque peu trahie par Stoker - n'y voyez aucun délire de persécution-, tout en admirant le coup de maître de l'écrivain, que je ne peux m'empêcher de qualifier de sadique maintenant - mais je m'arrête ici, je n'arrive pas à critiquer ce roman davantage! Le récit s'ouvre sur un fait divers rapportant la découverte par quatre marins d'un cercueil dérivant sur l'océan, dans lequel se tenait une femme drapée de blanc, et nous place d'emblée dans une atmosphère surnaturelle. La présence du fait divers m'a rappelé l'article de journal de Dracula parlant de la tempête, et je n'ai pas pu m'empêcher, malgré mon incroyable faculté de râler, d'apprécier tous ces éléments me rappelant le chef d'oeuvre de Stoker...

    J'ai tenu à vous donner le résumé présent en quatrième de couverture car il met très bien l'accent sur l'atmosphère du roman, qui est à rajouter à la liste de classiques aux côtés de L'Italien de Ann Radclife, des Hauts de Hurlevent... et de Dracula.

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