Le portrait de Dorian Gray
Ce roman et son adaptation en film par Albert Lewin (en 1945) font partie de mes œuvres favorites. Comme vous vous en
doutez certainement, j'aime particulièrement le contexte du récit , c'est à dire Londres à la fin du
XIXè - le roman date de 1891, et avait d'ailleurs été censuré.
Résumé : Le peintre Lord
Basil Hallward est fasciné par son jeune modèle, le dandy
Dorian Gray, duquel il réalise un portrait mystérieux. En découvrant le
tableau, Lord Henry Wottom, ami de Basil, ne manque pas d'être
impressionné et par le modèle et par son portrait... A tel point qu'il fait remarquer à
Dorian qu'il est judicieux d'immortaliser sa beauté dans un tableau, étant donné que le jeune homme ne
manquera pas de vieillir tandis que le Dorian du portrait restera
éternellement tel quel. Ces réflexions ont un effet considérable sur
Dorian, qui émet le vœu d'inverser les rôles, de devenir la créature à
jamais belle du tableau.
Quand Sybil Vane, une jeune comédienne dont Dorian s'éprend avant de la demander en mariage, se suicide après que le dandy ait brutalement décidé de mettre fin à leur relation, c'est le portrait qui porte la marque de cette culpabilité et
de cette responsabilité. Le jeune homme ne croit d'abord qu'à une
illusion, mais il remarque une expression cruelle sur le portrait... Et au
fur et à mesure qu'il cause du mal, Dorian ne peut ignorer la
transformation progressive du tableau.
Dorian est un dandy,
qui prône le culte du beau, de la satisfaction des plaisirs, des
passions... Tout ceci va se retrouver sur son portrait.
Mon avis : Le
portrait de Dorian Gray est non seulement un classique du fantastique,
mais il peut aussi donner lieu à des réflexions sur l'image. En effet,
tout ce qu'en disent Dorian et Lord Henry dans les premiers chapitres
est très riche, notamment le fait qu'il est suggéré que vendre son âme
pour la beauté est un sacrifice envisageable. Ce roman est d'une profondeur
incroyable. Premièrement, Dorian me paraît quelque peu narcissique, à voir sa réaction
quand il découvre son portrait : on voit que sa propre image fait partie
des plus belles choses qu'il ait jamais vues (mais ce n'est qu'une
impression....) J'ai également été fascinée par le personnage d'esthète
qu'est Lord Henry, qui aime l'art parce que la perfection d'une œuvre
est éternelle, et subit bien moins les ravages du temps que la beauté
humaine.
J'aime aussi ce roman pour le fait qu'il
appartienne à cette flopée d'œuvres fantastiques du XIXè ayant Londres
pour cadre, et plus généralement l'Angleterre et les îles britanniques (Dracula, Dr Jeckyll and
Mr Hyde...). Comme vous l'avez certainement compris, les auteurs
anglophones du XIXè (comme Lewis Caroll, Bram Stocker, Polidori, Wells,
Stevenson, les sœurs Brontë, Lewis, Le Fanu...) sont mes favoris : je
trouve cette époque extrêmement riche et il est toujours aussi
impressionnant de voir à quel point les auteurs se sont inspirés les uns
des autres pour créer cet univers imaginaire qui continue aujourd'hui
d'inspirer, et qui a même quasi totalement défini notre vision de
l'imaginaire! Encore aujourd'hui, on n'imagine les "histoires de
fantômes" qu'à travers le filtre de ces auteurs, qu'on les ait lus ou
qu'on ait vus les adaptations de leurs œuvres.
Je trouve génial le fait que l'influence des contes de fée, qui pour moi sont superficiels et
rapidement ennuyeux, et ne visent qu'à donner une image simpliste du
monde aux enfants, soit remplacée par celles de grandes œuvres. Bien sûr, certains contes sont de très bonne qualité comme ceux d'Andersen, mais la très grande majorité me paraissent plutôt abrutissants. Pour moi, ils sont suffisants comme point de départ à
la création de son propre monde imaginaire mais sans plus.
Le film : Je ne vous en dirai pas beaucoup sur le film de Lewin, puisque je l'ai
trouvé totalement dans l'esprit du roman. (En clair, je l'ai également adoré). En revanche, je n'ai pas du tout vu la version de 1973, je ne sais donc absolument pas ce qu'elles vaut. En ce qui concerne l'adaptation de 2009, si j'avais des a priori négatifs, ils ont été balayés par le visionnage. En effet, il ne me paraissait avoir été réalisé uniquement dans le but de répondre à la demande de la mode de l'attrait pour la période victorienne, mais il est intéressant de voir une adaptation du roman à une époque où les tabous sont bien moins nombreux. Ainsi, l'aspect dandy de Dorian Gray est accentué, notamment en ce qui concerne sa recherche du plaisir, tandis que Lord Henry l'assiste de plus en plus en le menant dans différents lieux de l'East End. On peut également noter une excellente référence à Shakespeare et son Ophélie, puisque Sybil n'est plus une chanteuse de cabaret mais une comédienne de théâtre.
Vous avez droit à la bande annonce
de 1945 -je n'ai pas trouvé le film entier, désolée! Je suis
impardonnable, mais j'adore ces génériques totalement désuets.
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